On ne franchit pas le seuil du Rick’s Café sans se sentir transporté dans Casablanca. La seule évocation du nom plonge le visiteur dans une des mythiques scènes du film légendaire. On aurait presque envie de s’y rendre en smoking et en robe du soir. D’ailleurs, une soirée au Rick’s Café est en quelque sorte un préliminaire avant de pénétrer la Ville Blanche. Bien que le Casablanca contemporain ne soit plus un territoire sous domination vichyste, où officiers français, allemands et pègres se croisent, le film a pour l’éternité consacré le nom de « Casablanca ».
Établit dans un ancien manoir marocain bâti en 1930 contre les remparts de l’ancienne médina, la bâtisse jouit de trois façades : une entrée donnant sur la rue, composée de portes massives en bois, qui représentent celles du film ; une façade face au port, ouverte sur l’Atlantique ; et enfin, un accès étroit qui constituait l’ancienne entrée principale, désormais entrée de service.
Le bar sculpté, les balustrades, les balcons, les arches et les courbes ou encore le jeu d’ombres et de lumière créé par la disposition des plantes et celle de l’éclairage font de l’architecture d’intérieur du Rick’s Café un constant hommage au film.
En fermant les yeux, on pourrait se croire projetés sur un écran en noir et blanc. Effets de contraste, lumière tantôt blanche, tantôt obscure, air de jazz – You must remember this, A kiss is just a kiss, A sigh is just a sigh… – le film se déroule en nous, images absorbées par nos inconscients, désormais fragments de notre imaginaire collectif. La lourde voix grave de Rick, maussade et désemparé, déclame : “Of all the gin joints in all the towns in all the world, she walks into mine.”
C'est un véritable rite d’initiation ! Ou comment aborder Casablanca par le biais du cinéma.