Construit en 1937 sous la houlette d’Edmond Brion, Bank Al Maghrib constitue un joyau architectural qui mérite amplement une digression lors d’une flânerie urbaine aux abords du centre-ville historique.
Situé face à l’Hôtel de la Wilaya, il compose la dernière unité de la place Mohammed V, à la suite du palais de justice de Joseph Marrast et de l’Hôtel des Postes de Laforgue.
C’est aujourd’hui l’un des plus remarquables patrimoines immobiliers de Casablanca.
En prendre plein la vue : de l’art déco à l’artisanat marocain
Bank Al Maghrib est inscrite sur la liste des « œuvres d’architecture d’adaptation dite néo-marocaine », bénéficiant ainsi de savoir-faire traditionnel des artisans marocains, mais également de techniques nouvelles, telles que le verre gravé ou les pavés de verres industriels également expérimentées dans le bâtiment.
Relevons par ailleurs, la composition et l’ornementation de la façade principale, soumise à l’obligation de portiques. Au nombre de quatre, fabriqué dans du granit de Triste, de massifs piliers octogonaux soutiennent le portique de l’entrée et sont surmontés d’une frise géométrique. Le ton ocre de la frise et le fond blanc du béton armé produisent un subtil camaïeu complété par la couleur sable de la corniche de la toiture.
Sur fond de travertin sertie de carrés verts de Taza, se dessine l’immense porte d’entrée en fer forgé, aux lignes géométriques, et son encadrement en granit noir de Belgique. L’ensemble produit un effet remarquable tant par le contraste des formes que par celui des matériaux.
De la minutie du détail à l’innovation architecturale
A l’intérieur, un vaste hall est recouvert par la plus grande verrière de Casablanca. Ajourée en noyer, c’est l’un des ouvrages les plus réussis et les mieux préservés de Bank Al Maghrib
Le choix d’une gamme diversifiée de marbres marocains contribue à l’harmonie des couleurs au sein de cet espace. Ainsi, l’entrée est entourée d’un encadrement de zelliges dont la composition s’inspire de l’art berbère. Le mur du fond et les grands piliers sont quant à eux travaillés en travertin. Sur les petits piliers et sur le dessus des comptoirs, resplendit le marbre noir de Skhirat. Relevons encore les deux grandes tables et leurs tabourets, fabriquées en acajou sapelli et toujours d’usage.
L’esprit dépouillé du courant Art déco se retrouve dans les finitions minutieuses de l’escalier d’honneur qui conduit au premier étage. Du marbre de Carrare compose les marches tandis que la main courante est en marbre vert de Tinos.
A l’étage se situent les bureaux directoriaux et une salle d’attente qui constitue l’une des pièces les plus remarquables du bâtiment, entièrement lambrissée de chêne européen. La salle du conseil est quant à elle habillée de kosipo et d’érable. Sa porte en marqueterie de bois précieux, sycomore, bubinga, palissandre et aniégré ondé, est admirable. Le mobilier quant à lui, dans le pur esprit Art déco, est réalisé par la maison Primarios, et se compose de tapis de couleur brique, de tables en sycomore et palissandre, ainsi que de fauteuils de cuir vert.
Le bâtiment a été restauré dans le plus grand respect de l’œuvre d’Edmond Brion.