L’ancienne Mazagan, El Jadida aujourd’hui, s’est dotée d’un théâtre municipal à l’époque coloniale. Connu également sous le nom de Théâtre Mohammed Saïd Afifi, en hommage à l’un de ses directeur, c’est un espace de rayonnement pour la ville réputé pour la qualité et la diversité de sa programmation culturelle et artistique.
Entre Molière et Lise Taylor : un passé glorieux
Construit en 1920 et conçu initialement pour servir de salle de danse et de bal exclusivement réservé aux colons qui résidaient dans la ville, ce n’est qu’en 1930 qu’il a été transformé en théâtre. Pour sa première, il offrit une représentation de la célèbre pièce de Molière, « Le Malade imaginaire ». Ce baptême fut de bon augure puisque le Théâtre municipal ne cessera depuis lors d’accueillir dans son enceinte de grands artistes internationaux et marocains. Élisabeth Taylor a foulé les planches de ce théâtre légendaire, mais également Richard Burton, Serge Reggiani, Maher El Attat, et bien d’autres grands noms encore.
Un espace d’affirmation de l’identité marocaine
La première représentation entièrement marocaine fut mise en scène en 1946 par Driss Lmseffer. Un an plus tard, ce fut le tour d’une compagnie théâtrale marocaine juive de monter sur scène avec la pièce « Le Fils d’Aâouicha », mise en scène par l’impresario Haïm Nsaïm. Le théâtre s’affirme alors comme un espace de cohésion nationale, et El Jadida comme une ville de coexistence religieuse pacifique et fructueuse.
Feu Mohammed Saïd Afifi et l’âge d’or du Théâtre Municipal
C’est à la suite de la nomination de Mohammed Saïd Afifi à la direction que le théâtre connaîtra son essor au début des années 60. La verve artistique de ce passionné d’art et militant de la culture permet au théâtre d’héberger sa première troupe attitrée, et de promouvoir les représentations de compagnies marocaines et étrangères. Le Théâtre municipal d’El Jadida vit alors son âge d’or dont les habitants de la ville conservent la nostalgie. Lorsque Mohammed Saïd Afifi quitte la direction du théâtre en 1984, ce dernier est délaissé et sombre peu à peu dans le déclin. Il faut attendre 2012, pour que les autorités décident de restaurer ce temple de la comédie et de la tragédie.